Historique

L’origine de l’approche de Palo Alto remonte au projet dirigé par l’anthropologue Gregory Bateson sur « l’effet des paradoxes dans la communication humaine », qui se déroula de 1952 à 1962, et auquel participèrent John H. Weakland, Jay Haley, William Fry et Don D. Jackson. C’est en 1956 que l’équipe du projet publie l’article fondateur, « Vers une théorie de la schizophrénie », qui fait l’hypothèse d’une étiologie interactionnelle des troubles mentaux.

En 1958, le psychiatre Don D. Jackson crée le Mental Research Institute à Palo Alto en Californie pour appliquer ces recherches et les travaux novateurs du psychiatre Milton H. Erickson à la résolution de problèmes cliniques. Il y recrute plusieurs pionniers de la thérapie familiale tels Jules Riskin, Paul Watzlawick, Virginia Satir, Janet Beavin, John H. Weakland, Jay Haley et Dick Fisch. L’année suivante, le MRI devient le premier institut de recherche et de formation en thérapie familiale financé par le gouvernement américain.

Dans les années 60, l’équipe du MRI met au point une nouvelle façon de concevoir la souffrance humaine ainsi qu’une méthode de traitement prenant en considération une grande « oubliée » de notre culture : la relation.

En 1967, le psychiatre Dick Fisch crée le premier Centre de thérapie brève au sein du MRI. Il y travaillera pendant plusieurs décennies avec ses collègues Paul Watzlawick et John H. Weakland et de nombreux professionnels venus du monde entier pour se former à leur approche de résolution de problèmes.

Pendant cette période, Watzlawick, Fisch et Weakland publient de nombreux articles et ouvrages sur leur pratique, dont Une logique de la communication en 1967 avec Jackson, Changements, paradoxes et psychothérapie en 1974, Le langage du changement en 1977, Sur l’interaction en 1979 et Tactiques du changement en 1982. Des praticiens affluent du monde entier pour se former au MRI de Palo Alto auprès des trois « pères fondateurs », qui collaborent pendant plus de trois décennies au développement de l’approche de résolution de problèmes systémique et stratégique.

Fisch, Watzlawick et Weakland sont notamment à l’origine de la découverte du concept de « tentatives de solution », à savoir l’idée que ce sont habituellement les solutions essayées par les patients et leur entourage qui font que leurs problèmes se maintiennent. Le travail de l’intervenant stratégique devient dès lors de bloquer ces tentatives de solution pour que le problème puisse se résoudre. Paul Watzlawick a publié plusieurs ouvrages pour sensibiliser le grand public à cette vision des problèmes et de leur résolution, notamment Comment réussir à échouer? et Faites vous-mêmes votre malheur.

A partir de la fin des années 80, c’est surtout en Europe que se développe cette approche, notamment à travers les travaux de l’Institut Gregory Bateson, fondé en 1987 par Claude Seron, Jean-Jacques Wittezaele et Teresa Garcia à Liège en Belgique. En 1992, l’IGB devient le représentant officiel du MRI de Palo Alto pour l’Europe francophone.

L’équipe de l’IGB a publié de nombreux ouvrages et articles à propos du modèle de Palo Alto, notamment Aide ou contrôle en 1992, préfacé par Watzlawick, Weakland et Fisch, A la recherche de l’école de Palo Alto en 1999, L’homme relationnel en 2006 et Une logique des troubles mentaux en 2016. Pendant toute cette période, les activités et l’influence du MRI déclinent, avec la mort successive des trois pères fondateurs, Weakland en 1995, Watzlawick en 2007 et Fisch en 2011, jusqu’à la vente du bâtiment historique à Palo Alto et la fermeture du Centre de thérapie brève en 2019.

Le développement de l’IGB au cours des dernières décennies a vu s’ouvrir un centre de consultation en France à Paris, puis un en Suisse à Lausanne, en plus du centre historique de Liège. En 2015, notre institut a été repris par Vania Torres-Lacaze, Annick Toussaint et Guillaume Delannoy. Ce dernier a publié en 2023 un essai intitulé Zen et thérapie brève.